Compte-rendu de la visite de l’Amap « à la bonne franquette », Villeurbanne (69)
Cette animation s’insère dans le Système Participatif de Garantie (SPG) mis en place dans le réseau des Amap de Rhône-Alpes. Le « SPG Amap » a pour objectif de donner aux amapiens l’occasion d’un retour sur leur fonctionnement en Amap et une projection sur l’avenir, afin d’améliorer la cohérence entre la pratique quotidienne et l’éthique mise en avant dans la charte des Amap. Du point de vue de l’Amap, la charte défend une consommation citoyenne et solidaire, pour le développement d’une agriculture paysanne et biologique.
Cette visite a été animée par Rachel Rousselle animatrice d’Alliance PEC Rhône Alpes et réalisée en présence de Lionel Schwarz de l’AMAP de Croix Luizet.
INFORMATIONS GENERALES SUR L’AMAP
Nom de l’Amap : A la bonne Frankette Nombre d’Amapiens : 42
Lieu de distribution : Centre social des Buers
Jour et horaire de distribution : Lundi de18h à 20h
Adresse de l’Amap : 17 rue Pierre Joseph Proudhon, 69100 Villeurbanne
Contact Référent AMAP (lien collectif / consomm’acteurs intéressés) :
Contact Référent Alliance (lien collectif / Réseau des Amap) :
Elisabeth Aubry, eliaubry@yahoo.fr
L’Animation sur les principes de la charte
L’animation, consacrée à la vie de l’Amap de la bonne Franckette des Buers au regard de la charte des Amap, s’est déroulé pendant l’Assemblée générale et a duré environ 1h30 :
- présentation des objectifs du SPG (5 min)
- présentation de l’animation et choix des thèmes abordés (5 min)
- échanges en ateliers thématiques sur la vie de l’Amap (40 min)
- échanges sur les propositions à faire à l’Amap (30 min)
- quelles propositions valider? (10 min)
13 amapiens et 2 paysans de l’Amap ont participé. Lionel Schwarz, de l’Amap de Croix luizet, représentait le réseau des AMAP du Rhône.
Le choix a été fait d’étudier 4 des 6 thèmes proposés. Les thèmes « nous sensibilisons adhérents et citoyens » et « nous accueillons adhérents et producteurs avec la même attention que les premier » n’ont pas été abordés.
1. Nous participons à l’accompagnement des producteurs vers une agriculture paysanne et biologique.
Tous leurs producteurs ont une démarche d’agriculture paysanne : ils travaillent sur de petites fermes et souvent seuls. Aucun d’eux n’est en bio car il n’y a pas eu cette exigence de la part de l’AMAP, la priorité était d’être fourni par des paysans locaux. Mais une visite a été faite pour voir les façons de produire et connaître la volonté de faire avancer les pratiques.
Au moment du changement de maraîcher, une visite participative (accompagnée par le réseau) a été réalisée chez Frédéric Magnier.
Il y aurait des avancées à faire vers des pratiques biologiques. La certification ne paraît pas exigée par l’AMAP mais une limitation de l’utilisation de produits phytosanitaires est attendue. Cependant le passage en bio pose différentes questions pour le producteur :
- Il y a quelques difficultés techniques et surtout une grosse contrainte de temps
- L’AMAP n’est qu’un petit débouché pour lui, du coup un passage en bio peut avoir des répercussions sur ses autres débouchés. (si le prix augmente un peu, l’AMAP peut suivre mais les autres clientèles suivront-elles ?)
Propositions :
- mise en réseau avec d’autres producteurs pour les solutions techniques
- Augmenter le nombre d’amapiens ou trouver une autre AMAP pour que ce débouché ne soit plus si négligeables et que le risque de changer de pratiques soient accompagné par les amapiens.
2. Nous soutenons économiquement des paysans.
Fonctionnement : l’AMAP définit le prix des différents paniers et, en fonction, le paysan détermine le contenu avec un rééquilibrage d’une saison à l’autre.
Les prix sont fixés en fonction du marché et des coûts de production. Les coûts de commercialisation sont un peu différents entre un marché et l’AMAP : l’écoulement de la production est plus sûr.
Mais il y a un manque d’échange au sujet des prix entre producteurs et amapiens. Cela s’explique parce que culturellement, ces discussions ne se font pas trop. Une autre explication serait un manque de connaissances de la viabilité économique par les paysans eux même.
Le groupe propose déjà de réduire d’une demi-heure le temps de distribution, ce qui permettra de passer moins de temps à la distribution. Augmenter le nombre d’adhérents comme la proposé le premier groupe permettra aussi de proposer plus de contratsà chaque paysan (notamment en fruits).
Des bilans saisonniers pourront aussi être faits, ceci permettra de discuter de ces points et de permettre les échanges producteurs-amapiens. Les seuils minimum et maximum de nombre de paniers pourraient ainsi être discutés.
Pendant le débat, il a été évoqué l’utilité d’avoir quelques ratios de référence pour voir si le déplacement valait le coût.
Je vous en propose deux que nous utilisons parfois :
- L’ardab (association des producteurs bio de la Loire et du Rhône), considère que le temps de commercialisation doit rapporter 50€/h. Soit en AMAP, le temps de commercialisation est de 2h de distribution + 2 h de trajet = 4h. Un déplacement doit ce faire au moins pour 200€.
- Dans le réseau des AMAP, nous utilisons un coefficient de rentabilité.
Coefficient de rentabilité = Chiffre d’Affaire / (nombre de distributions x nombre de km).
Ce coefficient ne doit pas descendre en dessous de 10 pour que ce soit rentable financièrement pour le paysan. (Ce coefficient a été déterminé empiriquement dans le réseau des AMAP, il donne juste une indication.)
Nom du Paysan | Production | Types de paniers (prix) | Nb de distributions | Nombre de contrats | Total |
Frédéric Magnier | Légumes | 5 € | 48 | 3 | 720 € |
Légumes | 10 € | 48 | 29 | 13 920 € |
Légumes | 15 € | 48 | 6 | 4 320 € |
Bilan : 18 960€ / 48 déplacements à 20 km. Coef de rentabilité = 19,8 | 18 960 € |
Dominique Virieux | fruits | 5 € | 15 | 13 | 975 € |
fruits | 8 € | 15 | 13 | 1 560 € |
Bilan : 2535€ / 15 déplacements à 40km coef de rentabilité = 4,2 | 2 535 € |
Ces calculs rapides permettent de voir que le déplacement de Dominique serait à optimiser. Ces ratios pourront être utilisés avec les autres paysans de l’AMAP.
Il existe une formation très bien, proposée par l’Afog du Rhône qui permet de déterminer un prix juste et rémunérateur. Cette formation peut être suivie par les paysans.
3. Nous favorisons la participation des consommateurs à l’AMAP
Les amapiens participent aux distributions, un pot est organisé à chaque saison. Ils peuvent venir à l’assemblée générale, aux visites de ferme, au conseil d’administration.
Le groupe trouve que les adhérents sont trop consommateurs et qu’il y a un manque de participation. Cette remarque est relativisée par Lionel qui rappelle qu’il est difficile d’avoir un investissement de 100% des adhérents.
Mais la participation pourrait être améliorée :
- En continuant à organiser des visites chez les paysans pour que les adhérents sachent d’où viennent leurs paniers et pour créer des moments conviviaux
- En faisant un sondage sur ce que les adhérents viennent chercher à l’AMAP,
- En mettant en place un calendrier de distribution intégré au contrat (méthode coercitive !)
- En gratifiant ceux qui restent aux distributions (habitude prise avec Franck !!)
- En raccourcissant le temps de distribution
- Election du meilleur bénévole !!
4. Nous sommes solidaires des producteurs
Ce point est écrit dans le contrat que signe chaque consommateur avec le producteur. Jusqu’à aujourd’hui, il n’y a eu qu’un aléa de production avec Franck (l’ancien maraicher) mais Franck a pu compenser en remplissant d’avantage les paniers par la suite. Dans l’Amap il y a eu quelques déçus par les légumes d’hiver.
Les propositions de ce groupe sont :
- De décaler les contrats pour ne pas que le renouvellement se fasse juste avant le début des légumes d’hiver.
- D’utiliser les fonds de l’AMAP pour acheter un complément à des voisins en cas d’aléas ou pour indemniser les adhérents fragiles (à réfléchir).
- Et surtout, de bien rappeler aux amapiens ce principe de l’AMAP : être solidaire du paysan en cas d’aléa.
Afin d’aider l’Amap à améliorer sa pratique, un contrat d’objectif Alliance – Amap – Paysans est proposé. Il est ici exposé comme proposition et devra être discuté dans l’Amap pour être validé. Il s’agit de se donner des moyens d’agir en s’appuyant sur un véritable fonctionnement en réseau.